« Entravée par les contraintes diverses, les discriminations et les préjugés sociaux », la participation des femmes dans la politique en Haïti a encore du chemin à faire. L’avocate militante Dilia Lemaire s’insurge et plaide pour une meilleure législation en faveur des femmes en Haïti.
« En politique comme en éducation, il faudrait mettre les hommes et les femmes sur le même pied d’égalité », l’avocate y tient. Sa conférence prononcée à l’hôtel Montana le vendredi 21 mai 2021 lui a offert une audience pour le signifier.
Après avoir dressé un sombre tableau de la situation des femmes sur le plan légal de 1804 à nos jours, Me Lemaire a relevé un ensemble de discriminations contre les femmes inscrites dans de nombreux textes de lois.
“Le code civil, par exemple, n’autorise pas la femme à contracter un second mariage sinon qu’après une année révolue lui imposant donc un délai de viduité contrairement à l’homme,” s’indigne-t-elle.
Pour l’avocate militante, plusieurs contraintes sociétales, culturelles et familiales font obstacle à la participation de la femme haïtienne en politique. Parmi elles, la violence, devenue de plus en plus un fléau social.
“Des candidates violentées par leurs maris pour avoir osé convoiter des postes électifs”
Me Lemaire a caricaturé cette violence en évoquant le cas d’une candidate à un poste sénatorial qui a été battue par son mari pour avoir fait campagne sans lui avoir demandé son autorisation. Beaucoup de cas similaires ont été portés à la connaissance de la juge, pour qui beaucoup d’aspects culturels restent à corriger.
La femme de loi a expliqué par la peur la réticence des Haïtiennes à investir la sphère politique. Elle a observé que seulement 29 femmes, de 1806 à nos jours, ont été élues députées sur 2,070 hommes élus et 10 femmes ont été élues sénatrices sur 753 hommes élus.
Me Lemaire a reconnu que d’importantes avancées ont été faites. En 1934, la ligue féminine d’action sociale a été créée. En 1944, le droit de vote fut accordé à la femme avec égibilité à certains postes. En 1957, la Constitution a étendu cette égibilité à la femme à tous les postes. En 1982, le décret déclarant que le mariage n’affecte plus la capacité des femmes mariées.
Toutefois, l’avocate militante a estimé qu’un grand vide reste à combler en interne et en externe, notamment au niveau de certaines conventions adoptées et textes de lois internes par rapport. aux droits de la femme.
Et de conclure son intervention par un appel un appel à la prise de conscience et à la sensibilisation sur la question. Tout en invitant les acteurs à considérer certaines lois relatives aux droits des femmes mise en veilleuse.
Dayanne CODIO