C’est avec émotion, la voix enrouée, terrassée par la douleur et la tristesse que j’interviens à cette cérémonie d’hommage au Président de la République SEM, Jovenel Moïse brutalement assassiné à son domicile le 7 juillet dernier.
Les mots peuvent difficilement dire toute la peine et le désarroi qui m’habitent en ce moment, mais je dois pourtant, comme l’aurait voulu mon frère et ami, Jovenel Moïse, me tenir debout pour dénoncer cet acte barbare et révoltant et dire aux auteurs, co-auteurs et complices qu’ils ne pourront jamais tuer les rêves et la vision de cet homme exceptionnel.
Cet acte inqualifiable qui a coûté la vie au chef de l’Etat a été ourdi par des esprits rétrogrades et les forces obscures qui ont toujours voulu maintenir ce pays dans les affres de la haine, la division, la misère et le sous-développement.
Depuis son accession à la suprême magistrature de l’Etat le Président Jovenel Moïse s’est fait le porte-voix des déshérités, des oubliés de la République. Il était mu par son seul désir d’accomplir ses promesses faites à la population et à aucun moment, il n’a ménagé ses forces pour dialoguer avec ceux qui ont depuis longtemps confisqué l’Etat.
Les rameaux d’olivier sincèrement tendus à ses adversaires politiques témoignaient de sa conviction que le dialogue était la voie susceptible de déboucher sur un consensus historique entre les diverses fractions de la société. Il y voyait la condition essentielle voire indispensable au progrès et développement de notre nation.
Jovenel Moïse était un réformateur, une lumière pour éclairer les générations futures, pour leur dire que la misère n’est pas une fatalité et qu’il était possible de s’en défaire ; car répétait-il souvent qu’un peuple qui dispose de ce beau soleil, d’une population aussi jeune que nombreuse et un territoire entouré d’eau de tous les côtés ne peut être pauvre.
Il avait raison et il était à deux doigts de gagner son pari d’électrifier le pays, d’irriguer nos terres pour les rendre fertiles et par voie de conséquence de changer les conditions de vie de la population. Pour cela, il fallait qu’il meure.
S’il y a un enseignement à retenir des actions de Jovenel Moïse, c’est d’abord que la postérité est à notre portée ; et ensuite que nous devons nous battre courageusement pour faire valoir nos droits et forcer le respect des autres.
Dans les heures les plus sombres de sa présidence, Jovenel Moïse, est resté cohérent avec ses principes. Il a toujours dit à ses collaborateurs « N’ayez jamais recours à la violence, c’est là le plus grand piège parce que la violence ne mène nulle part, la violence engendre toujours la violence. Défendez vos convictions et soyez des dignes défenseurs des déshérités ».
Jovenel Moïse fut un Président incompris de sa génération parce qu’aveuglée par une propagande faite de vilenie et de calomnie minutieusement orchestrée par ses détracteurs avides d’avoir et de pouvoir. Cette vilaine campagne de déstabilisation, de diffamation et de destruction s’est déroulée en trois phases :
- La première phase consistait à s’attaquer aux origines sociales du Président de la République à travers des stéréotypes classiques de la sociologie haïtienne portant sur les questions de couleur, de classe et d’appartenance sociales, etc.
- La deuxième phase s’articulait à travers une campagne médiatique visant à salir systématiquement la réputation du Président et à assassiner son caractère. Une tâche que le mercenariat social haïtien a accomplie avec zèle, sans aucune honte ni gêne. Jovenel Moïse a d’abord été victime d’un crime de lèse-majesté avant d’être brutalement exécuté, un crime de lèse-patrie.
- La troisième et l’ultime phase était l’assassinat proprement dit du Président. Par cet acte, les fossoyeurs de la patrie pensaient pouvoir détruire son idéal d’humanité, de justice et de grandeur. Ils se sont grandement trompés. Bien au contraire ils en ont fait un martyr, car son amour sans limites pour son peuple, son courage héroïque, et son engagement pour une Haïti nouvelle sont des marques indélébiles qu’ils ne pourront jamais effacer et qui constituent son héritage.
Oui, Jovenel Moïse est un martyr, une figure sacrificielle. Il savait qu’en prenant fait et cause pour la masse, qu’en allant à l’encontre des intérêts des tout puissants d’Haïti, qu’il risquait sa vie, celle de famille et de ses proches amis. C’est en connaissance de cause qu’il répétait à chaque fois qu’il en avait l’occasion qu’« aucun sacrifice n’est trop grand pour ce pays ». C’est là sa grandeur, il a donné à ce pays, ce qu’il possédait le plus cher, sa vie. En retour, la seule chose que nous pouvons faire, c’est de poursuivre son œuvre, en inscrivant dans l’histoire ce qui ne lui appartenait pas d’accomplir, mais qu’il avait préparé.
Avec sa famille et ses amis nous resterons unis, rassemblés pour maintenir allumé le flambeau dont la lumière luisante pétille l’idéal de grandeur de cet homme de conviction et de grand cœur que fut Jovenel Moïse et pour lequel, le peuple haïtien dans son entièreté réclame haut et fort JUSTICE.
Qu’ils le sachent, les lâches qui ont commis ce crime odieux et révoltant que nous sommes aujourd’hui 11 millions de Jovenel Moïse, déterminés à poursuivre la lutte pour le changement et le progrès du peuple haïtien.
Le sang de Jovenel Moïse servira d’engrais pour arroser cette terre qu’il aimait et qu’il voulait voir fructifier pour le bien-être de la postérité.
Jo, mon frère, mon ami, toute ta vie tu as fait preuve d’un courage extraordinaire.
Adieu l’ami, adieu mon frère, adieu Prèz. Ton souvenir sera toujours lumineux dans mon cœur en peine.
20 juillet 2021