Washington allonge sa liste noire aux dépens des entreprises chinoises pour stopper la prédation présumée de Pékin sur la base industrielle américaine
Le nombre des entreprises chinoises accusées de poursuivre des activités de surveillance au profit de Pékin et figurées sur la liste noire américaine n’est plus 31. Il s’élève désormais à 59. La décision a été prise le jeudi 3 juin 2021 par l’administration Biden après que le président américain, lui-même eut procédé à l’amendement du décret du 12 novembre 2020 dernier pris par son prédécesseur républicain, Donald Trump. Le fabricant de téléphones Huawei et le Cnooc du secteur pétrolier y sont inclus
Le Président américain, Joe Biden a allongé la liste noire des entreprises chinoises accusées de soutenir des activités militaires de Pékin dans le souci de “consolider et renforcer” le décret du 12 novembre 2020 pris par l’ex président Trump. L’élu démocrate entend, par cette décision ” interdire les investissements américains dans le complexe militaro-industriel de la République populaire de Chine, a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
En allongeant la fameuse liste noire, l’administration américaine a inclu en plus les institutions déjà ciblées par Trump, les entreprises impliquées dans la fabrication et le déploiement de la technologie de surveillance, susceptibles d’être utilisées non seulement en Chine, contre la minorité musulmane des Ouïgours et les dissidents, mais aussi dans le monde entier.
Élus des deux partis au front
Sur ladite liste figurent, entre autres, les grands groupes de construction, des télécoms ou des technologies, comme le fabricant de téléphones Huawei, le géant pétrolier Cnooc, China Railway Construction, China Mobile, China Telecom, ou encore la société de vidéosurveillance Hikvision. Les Américains – individus ou entreprises – qui auraient des actions ou des participations à ces entreprises sont invités à les céder jusqu’au 2 août 2021.
Au Capitole l’alerte semble avoir été donnée par les Congresmen, qui, du même coup, ont trouvé un consensus pour en faire la demande à la Maison Blanche. Les sénateurs républicains Tom Cotton et Marco Rubio, associés aux démocrates Gary Peters et Mark Kelly, ont publié une lettre commune au début du mois de juin 2021 réclamant à l’administration la publication d’une nouvelle liste, a relaté Le Monde.
“Le gouvernement américain doit continuer à agir avec détermination pour bloquer la prédation du Parti communiste chinois contre notre base industrielle », ont exhorté les sénateurs dans le texte.
« Une violation des lois du marché », dénonce la Chine
Face à cette chasse à l’homme lancée par le gouvernement américain, Pékin réplique.
Ce sont « des mesures néfastes » croit Pékin avant d’ajouter que les États-Unis, par ce comportement, « violent les lois du marché ». Ils « causent du tort non seulement aux droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises, mais aussi aux intérêts des investisseurs du monde entier, y compris les investisseurs américains », a estimé le porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères, Wang Wenbin, devant la presse, le vendredi 4 juin 2021.
« La Chine prendra les mesures nécessaires pour protéger avec vigueur les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises », a prévenu Wang Wenbin lors d’un point presse régulier. « Les Etats-Unis devraient respecter la primauté du droit et cesser de prendre des mesures néfastes pour le marché financier mondial », a souligné le porte-parole chinois.
Le bras de fer commercial entre les deux premières puissances mondiales s’est traduit par des droits de douane supplémentaires réciproques portant sur des centaines de milliards de dollars de marchandises, qui ont pesé sur l’économie mondiale. Toutefois, ces deux géants mondiaux ont signé un accord commercial en janvier 2020, marquant une trêve entre eux, peu avant que l’épidémie de Covid-19 ne vienne paralyser l’économie mondiale.
À l’origine l’adhésion chinois à l’OMC
Tout a commencé en 2018 avec l’entrée de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui devait faire évoluer son système politique, ouvrir des marchés et favoriser la délocalisation, informe le Professeur à l’Université Paris-9 Dauphine, CERESA, Jean-Marc SIRÖEN dans un article intitulé La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, publié l’année dernière.
Les États-Unis, avec à sa tête le redoutable Donald Trump, voyaient en cette ouverture une menace pour ses intérêts. Alors ils ont entamé une démarche de résurgence du protectionnisme en s’affranchissant des contraintes du multilatéralisme de peur de ne pas voir une réforme de l’OMC polarisée sur la Chine et qui ignorerait l’ensemble des défis auxquels le commerce mondial est confronté aujourd’hui, a t-il fait remarquer dans son article.
Si l’actuel locataire de la Maison Blanche part à l’offensive lui aussi contre Pékin dans cette guerre commerciale comme l’a fait son prédécesseur républicain, il n’en demeure pas pareil quant aux stratégies utilisées. À la différence de Donald Trump, il priorise le canal diplomatique en faisant front commun contre la Chine avec les partenaires internationaux des États-Unis.
Clashisky D LAROSE