Couvre-feu instauré de 9h pm à 5h am, port obligatoire du masque dans les espaces publics… Haïti vit au rythme de sa deuxième vague plus meurtrière de Covid-19 et l’état d’urgence y est décrété.
À Carrefour-Feuilles, la situation diffère. Ici et là des petits groupes s’assemblent pour rire et discuter. Au marché public de la zone, les peaux se touchent, la distanciation physique n’est pas respectée, le masque aussi est ignoré.
Carrefour-Feuilles est une banlieue qui s’étend au Sud de la capitale, Port-au-Prince. Ici, rares sont ceux qui portent le masque, les gens ne sont pas inquiets, la fatalité est acceptée, on ne prend pas de précautions parce que tout simplement « Dieu est bon » raconte le tailleur du quartier. Les riverains gagnent les rues à toute heure du jour ou de la nuit. Questionnés, ils semblent peu soucieux du Coronavirus et aussi de l’état d’urgence sanitaire.
« Nos commerces ne sont pas affectés par le Coronavirus ni par l’état d’urgence sanitaire. Le COVID-19 nous inquiète bien moins que l’inflation et la situation sécuritaire », expliquent quelques petits marchands du quartier. « On s’est toujours fourni en produits de première nécessité dans les boutiques et petits magasins qui affluent ici, à moins d’avoir le besoin de se procurer une grande quantité de produits, nous n’achetons pas ailleurs », précise nne femme.
Aussi bien que la vie diurne, la trépidante vie nocturne de la zone ne s’est pas arrêtée « Nous ne sommes pas alertés par l’égrenage des heures à la tombée de la nuit, nous sommes encore dans les rues à 11h pm ou minuit, nous nous y sentons même mieux », affirment des jeunes.
L’annonce de la propagation sur le sol haïtien des variants brésilien et anglais du Coronavirus a poussé une grande partie de la population à adopter consciencieusement les mesures sanitaires et à arrêter leurs activités nocturnes depuis tantôt un mois.
Pourtant, dans le quartier populaire de Carrefour-Feuilles, la communauté défie le Covid-19. Habitués à faire acte de résilience, la seule précaution des habitants consiste à stigmatiser et mettre de côté ceux qui montrent des symptômes de « la fameuse fièvre ». Ici, on sait en quoi consiste la pandémie, on en connaît les symptômes et les mesures à adopter. Certain ont même attrapé et combattu le virus. Cependant, la plupart préfère vivre dans un certain déni. C’est à croire que dans cette zone « Le coronavirus ne fait pas peur ».
Teressa PAULO