“2021 est incontestablement une année électorale. Pour faire face à cet enjeu crucial pour l’avenir d’Haïti, je demande à l’Office national d’identification (ONI) de prendre toutes les mesures pour permettre aux citoyens-nes de se doter de la carte d’identification nationale.” avait annoncé le 7 janvier 2021, le président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse.
En effet, en dépit des crises socio-politiques, 2021 représente pour le pays une année charnière et aussi l’année de toutes les peurs, selon certains observateurs. Car, comme tout état dit démocratique, Haïti a rendez-vous avec l’avenir en ayant à renouveler tout son personnel politique par le moyen des élections.
Initialement prévues pour le 27 octobre 2019, ces élections ont été reportées, faute de ratification de la loi électorale par le parlement, à une date ultérieure. Les élections étant les poumons de la démocratie, favorisent l’alternance politique et cette échéance manquée ne fut pas sans conséquences car le parlement est devenu quasi inexistant avec seulement 10 sénateurs en poste et le président dirige par décret depuis janvier 2020.
Quoique contesté pour sa légitimité, le gouvernement dans son agenda a prévu l’adoption d’une nouvelle constitution par voie référendaire, la tenue des élections générales d’ici à septembre 2021 pour les législatives et présidentielle et le second tour qui sera suivi des élections municipales ainsi que des bureaux locaux est prévu pour novembre.
En vue de tenir cette nouvelle échéance, les institutions publiques sont déjà à pied d’œuvre malgré les réserves et les craintes de différents acteurs de la vie politique nationale. La communauté internationale, partisan de l’État de droit, a émis ses réserves et estime que le processus manque de transparence et ne reflète pas les valeurs de la démocratie. Toutefois, ils bénéficieront d’un appui technique et logistique de l’ONU à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Optant pour la réalisation des élections, l’OEA propose le dialogue pour une sortie de crise. Alors que la tension monte dans le secteur de l’opposition, la machine électorale progresse. Face à la détérioration sécuritaire qui n’épargne aucun secteur de la vie nationale, la recrudescence de la pandémie de COVID-19 et l’économie qui s’affaiblit de plus en plus, la population, grande exclue des décisions semble être livrée à elle-même et doit, malgré tout, au jour le jour, lutter pour sa survie tout en craignant le pire.
Paul André EXANTUS